En terre wallonne, comme une langue étrangère


 
 
 

Dans la Prusse rhénane il existe un îlot de langue wallonne réparti en quinze villages évalués à dix mille âmes, dont on attribue la formation à l'influence de la double abbaye de Stavelot-Malmedy. Le wallon s'y est conservé jusqu'aujourd'hui, mais il est menacé dans son existence par la politique unificatrice allemande.

Cette lutte vient d'être racontée d'une façon très dramatique par M. Pietkin [N. Pietkin, curé de Sourbrodt (Malmedy), La Germanisation de la Wallonie prussienne, dans la revue Wallonia, t. XII, 1904]. Retenons-en ce trait invraisemblable: le français est maintenant enseigné à Malmedy, en terre wallonne, comme une langue étrangère, c'est-à-dire en se servant de l'allemand comme langue véhiculaire.

On peut prévoir les bienfaits que cette tactique va produire à bref délai. La nouvelle génération élevée à la mode allemande dans les écoles désapprend les moeurs et la langue de ses pères. Le wallon n'a plus que le foyer et la rue.

J'ai noté ailleurs [en faisant le compte rendu du livre de M. Pietkin dans la Revue de l'Instruction publique en Belgique, t. XLVIII (1905), pp. 44-47] que la rue même commence à lui échapper; et le foyer même est bien menacé quand, au wallon du père, le fils se prend à répondre en allemand. Malmedy est au point où se trouvait Dunkerque au sortir de la Révolution.

Ce n'est pas qu'il n'y ait de protestataires: il y a même un groupe littéraire wallon, que le Congrés aura peut-être l'occasion d'étudier sur place; mais ce groupe n'a pour lui que l'amour de la langue et des moeurs traditionnelles, il a contre lui le vent de l'utilitarisme moderne.

 


Quoted from:
J. Feller, Le français et les dialectes romans dans le Nord-Est,
Rapport présenté au Congrès pour l'extension et la culture de la langue française, tenu à Liège, 10-13 septembre 1905
= p. 11-20 in:
J. Feller, Notes de Philologie Wallonne, 1912, Liège, Vaillant-Carmanne & Paris, Honoré Champion, XXVIII + 420 pp., p. 17 

Contextual information


The territory of Stavelot-Malmedy became an independent church territory in 648, by donation by Sigebert II, king of the Franks, to Saint Remacle, bisschop of Maastricht, and founder of the monasteries of Stavelot and Malmedy.
At the end of the XVIII century the territory of Stavelot was composed by the Principality of Stavelot (having 2 "postelleries": Stavelot and Malmedy) and the Duchy of Logne (having 4 "quartiers": Ocquier, Hamoir, Comblain and Louvegné).
(cf. history in: G. Schuind, Une pricipeauté ecclesiastique de l'ancien régime, Stavelot - Malmedy, 1914 Stavelot, Havelange-Gillard; reprint 1982, Brussels, Culture et Civilisation, D1982.0103.10, 120 pp.)


As a result of the French occupation and administrative set-up, Malmedy became part of the département de l'Ourthe of occupied Belgium.(14 fructidor an III / 31 août 1795 - Arrêtè du comité de salut public, adoptant une nouvelle division du territoire de la Belgique, du pays de Liège, et autres pays adjacans, en neuf arrondissemens ou départemens. Pasinomie, Première série, Tome septiéme, Lois Françaises du 5 fructidor an III au 30 messidor an V, 1835, Bruxelles, Tarlier, p. VI-XVII)

In 1795 Malmedy was formally attached to France (9 vendémiaire an 4 / 1er octobre 1795 - Décret sur la réunion de la Belgique et du Pays de Liège à la France. Pasinomie, Première série, Tome septième, Lois Françaises du 5 fructidor an III au 30 messidor an V, 1835, Bruxelles, Tarlier, p. 78-79)


In 1814 the département de l'Ourthe became part of the gouvernement général du Bas-Rhin (12 janvier 1814, Convention faite à Bâle entre les puissances alliées, établissant des principes généraux sur l'organisation des provinces conquises., Pasinomie, Deuxième série, Tome premier, Gouvernements Généraux, 1er janvier 1814 au 16 mars 1815, 1837, Brussels, Wahlen, p. 13-15)

After the Paris Peace Treaty of May 30, 1814, the gouvernement général du Bas-Rhin was transformed into the gouvernement général du Bas-Rhin et du Rhin-Moyen
The parts of the former départements de l'Ourthe, de la Meuse-Inférieure and Sambre-et-Meuse, left in its jurisdiction, merged into the département de Meuse-et-Ourthe.

The split-off of the East of the département de l'Ourthe became effective on May 12 1815 (Publication concernant la remise par le commissaire du gouvernement (Piautaz) de la partie du gouvernement général du Bas-Rhin et du Rhin-Moyen, département de Meuse-et-Ourte et département des Forêts dont il a été cession au roi des Pays-Bas, par les décisions du congrès de Vienne. )
The Malmedy area was excluded from this attachement to Belgium (quote: cette ligne suivra les limites des cantons de St.-Vith, Schleiden, Cronemboug,Malmedy, Eupen ...)
(Pasinomie, Deuxième série, Tome deuxième, Monarchie Absolue / Monarchie Constitutionnelle, 16 mars 1815 au 31 décembre 1815, 1837, Brussels, Wahlen, p. 190-191)

This situation was confirmed in the "Traité de limites entre les Pays-Bas et l'Autriche, conclu à Vienne", May 31 1815 (Pas. 2, 2, p. 200-204) as well as in the final act of the Vienna Congress, June 9 1815, art. 25, quote: "... Dans l'ancien département de l'Ourte, les cinq cantons de St.-Vith, Malmedy, Cronenbourg, Schleyden et Eupen, avec la pointe avancée du canton d'Aubel, au midi d'Aix-la-Chapelle, appartiendront à la Prusse, et la frontière suivra celle de ces cantons, de manière qu'une ligne tirée du midi au nord coupera la dite pointe du canton d'Aubel et se prolongera jusqu'au point de contact des trois anciens départements de l'Ourte, de la Meuse-Inférieure et de la Roer ..." (Pas. 2, 2, p. 212-238)

The new border was fixed in detail on June 26, 1816, by the "Traité de limites entre LL. MM. le roi des Pays-Bas et le roi de Prusse, signé à Aix-la-Chapelle", leaving a small part of Moresnet undivided, left for a later decision (art. 17) (Pas. 2, 3, p. 113-123). The central (neutral) part of Moresnet would stay undivided till 1919.


This was the political situation when the text on top of this page was written.


Subsequent events

Malmedy was included in the territories ceded to Belgium in 1919 as a result of the Versailles treaty. (These territories have been unilateraly reannexed by the Germans in the period 1940-1944) 
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