Ce n'est pas un péché de parler le français à l'église

 

BEHO & son histoire (Suite)

Le dimanche 1er septembre 1944, sermons patriotiques en français avec Te Deum solennel; les autorités sont au choeur. Notre cher drapeau national flotte de tout côté; l'église est bien garnie. De "Dominum salvum fac...." est de nouveau chanté.

Le 2 octobre, rentrée des classes; Mr. l'instituteur Habaru pour les garçons; Mlle. Seyll pour les filles; l'école gardienne ne reprend pas, le local étant occupé par une classe primaire; d'ailleurs il n'y a pas assez d'enfants. Le lundi matin, 2 octobre, on a reporté le crucifix aux écoles, et cela en procession et en chantant: "Nous voulons Dieu ...". Mr. le Bourgemestre Schmitz en a remis une à la place d'honneur et Mr. l'Echevin Meyer, l'autre. Le curé peut de nouveau retourner à l' école pour le catéchisme.

Le même jour, vers 6h1/2 (du soir) arrivée à l'improviste de Mgr Chaure, notre révérendissime évêque, accompagné de M. le Chanoine Schmitz. Mgr. prêche au salut du soir, loge au presbytère et célèbre la ste. messe le lendemain à 7 heures, et distribue la ste. communion. Nous avons été vraiment touchés de cette grande faveur que nous a faite Mgr. Pendant les quatre années et demie que durait la séparation par la frontière, Mgr. nous a écrit quelques lettres fort encourageantes. Merci à lui!

Du 26 octobre au 28, jour de notre Adoration, il y a eu triduum prêché par l'Abbé Glorieux, Directeur des Salésiens de Farnières (Grand-Halleux). Sermons en français avec courte introduction en allemand. Le Rd. Père, fort simple et gentil, a encore prêché le dimanche, fête du Christ-Roi à la grand-messe et est parti après le dîner.

Après les vêpres, réunion de toute la paroisse devant le monument du Christ-Roi; manifestation de reconnaissance et consécration des enfants, jeunes filles, jeunes gens, de la commune (MM. les Bourgemestre, échevins et conseillers) de la paroisse. La veillée du samedi avait été fort bien suivie; les jeunes filles surtout avaient bien fait leur partie. Le soir, réunion des jeunes hommes au presbytère: 10 présences.

Beaucoup de gens avaient assisté aux offices du jour de la Tousaint et du jour des morts. Il paraît qu'il y a assez bien de gens mécontents de ce qu'on ne fait pas toutes les prières et sermons en français à l'église. Pourtant le curé a certainement fait son possible pour contenter tout le monde (13 sermons sur 3) en français, et Mgr. a manifesté clairement sa volenté: Pas de changement brusque, a-t-il dit, le mardi 3 octobre. D'ailleurs pourrait-on, en conscience, éliminer d'un coup les vieilles traditions locales et supprimer brusquement les anciennes manières de prier?

Ed. resp.: L'Abbé J. Jacobs, curé 6672 BEHO

BEHO & son histoire (Suite)

Au dire de M. le curé Müller, les adversaires de l'emploi de la langue allemande à l'église affirment que c'est à cause de l'allemand à l'église que Beho a été annexé au "Grand Reich".

Il réfute cette affirmation de la façon suivante:
"Lemploi de l'allemand à l'église n'est certainement pas l'unique raison de l'annexion de Beho par l'Allemagne ni même la principale; à preuve le pays d'Arlon, où on parle l'allemand, n'a pas été annexé. Comme raisons multiples de l'annexion on peut donner:

  • 1. Le cadastre en langue allemande;
  • 2. L'ancienne appartenance de Beho, presque en entier, à la cour de Thommen;
  • 3. L'origine de la plupart des familles (au moins l'un des époux) de la région de St. Vith, Prüm, Luxembourg;
  • 4. Le croisement des 4 Chemins pour la facilité du contrôle par la route;
  • 5. La gare de Beho, pour le contrôle de la frontière
La Belgique ayant annexé Eupen, Malmedy, St. Vith en 1919, L'Allemagne voulait sa revanche; et Beho, Moresnet et Montzen ont été réunis au Reich, vu qu'ils étaient contigus au pays rédîmé".
Voilà ce que dit M. le curé Müller à ce sujet.

De mon côté, quand je suis arrivé à Beho, le 5 juin 1946, je me suis sentis assaili de tous côtés en sens divers: Beaucoup de laïcs, par ailleurs bien intentionnés, me disaient: "M. le curé vous êtes jeune; mais pour les avoir, employez uniquement le français à l'église!". Pendant ce temps, certains prêtres des environs me tiraillaient en sens contraire...

Tout cela m'étonnait d'autant plus que ma seule qualité était le fait que j'étais animé d'une immense bonne volonté, mais complètement dépourvu d'expérience.

Alors, je me suis dit: "Après tout, ce n'est pas in péché de parler le français à l'église; alors, s'ils veulent que je leur parle en français, je le ferai, d'autant plus que j'ai davantage l'habitude du français que de l'allemand.

Mais peu à peu, j'ai essayé d'entendre un autre son de cloche, pour savoir d'où venaient les difficultés rencontrées par M. le curé Müller. Voici ces "son de cloche": Au moment de la Libération, les gens, exaspérés par toutes les tracasseries que les Allemands leur avaient fait subir, aspiraient à entendre parler français à l'église. On le comprend d'ailleurs, mais attendez la suite qui paraîtra au prochain numéro.

Ed. resp.: L'Abbé J. Jacobs, curé 6672 BEHO

 

Quoted from manuscript leaflets, not dated, found in the book: Klaus Pabst, Eupen-Malmedy, as found in a book shop in Redu in May 2000.

Beho had been annexed by Germany in the period 1940-1944
"... à partir du 10 mai 1940, par décision de l'occupant, la commune de Beho fut annexée au Reich; à l'exeption de Commanster, commune indépendante jusqu'à la libération:
fin janvier 1945 tout était rentré dans l'ordre;
Si en 1846, 72.48 % des habitants de la commune parlaient l'allemand et si ce chiffre se maintint longtemps encore (70,77 % en 1880 et 72,37 % en 1920) en 1947 il n'y a plus que 12,72 % de la population qui se déclare germanophone."
quoted from p. 145 in: Hasquin, Communes de Belgique, 1. Wallonie, vol "A-Lie", 1980, La Renaissance du Livre, Crédit Communal.


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